Numéro 23

57, 58, 59, 60… 60 brasses, c’est le contrat, amples, bien coulées, et je m’envole au-dessus du fond limpide, ça y est!… J’ai perdu pied, pour de bon!
Je me redresse, je peux me retourner. La plage-fourmilière est bien là où je l’ai abandonnée, comme on se sauve, à tout juste une centaine de mètres. Je sens encore son relent de fournaise.

Ici, je peux respirer, me détendre, immergé dans l’eau fraîche.
Alors, je me laisse aller et je m’allonge sur la mer plate, pour reprendre mon souffle.
C’est délicieux!
Bras et jambes en croix, je regarde le bleu du ciel dans les yeux.
C’est le champ parfait de ma solitude.
Le silence a noyé mes oreilles.
Durs souvenirs des mots enfuis, et maux enfouis, à l’instant, évanouissez-vous!…Pour toujours!
Pourquoi ne pas y croire?
Puisque l’apesanteur est une réalité, je suis bien en lévitation.
Comme l’aiguille d’une boussole cherchant le Nord, mon corps s’oriente, pour s’offrir, au mieux, aux rayons du soleil.
La brûlure de l’astre éprouvée sur le sable tout à l’heure, est vite oubliée, elle devient maintenant, caresse.
Mes mains, enfin, jouant avec les flots tranquilles, maintiennent ce fragile équilibre.
Me revient alors en mémoire, la délicatesse d’un adagio de Mozart, le concerto numéro 23, je crois?…

56, 57, 58, 59…