Maman

Demain, je retourne vers mes belles cimes, je tenterai d’ y épuiser ma peine.

maman 003En l’église Saint Sauveur à Aubagne, ce jour.

Bonjour, merci d’être là.
C’est en ma qualité d’aîné de ses trois garçons, que je prends la parole aujourd’hui, pour vous parler de ma Mère… Sylviane.
Quelques mots.
Ce n’est pas facile. Bien sûr, il y a le chagrin, immense, mais aussi, vous parler de ma Mère, c’est comme vous parler de moi, car nous êtions très proches.
Le premier mot qui me vient à l’esprit, c’est le mot Amour. Celui que nous, ses enfants et petits enfants, avons reçu, et il est incommensurable, mais également celui qu’elle nous a appris, par là-même, à donner.
Voici donc la valeur suprême de tout ce qu’elle nous a transmis. Donner de l’Amour, sans attendre de retour à ce don.
Amour gratuit. Amour-cadeau. Elle ne savait qu’offrir. Ma Mère était une femme aimante et généreuse. Car la Vie l’avait beaucoup gâtée, et elle lui en était reconnaissante.

Elle était née de l’autre côté de la Méditerranée, en Algérie, et toujours elle fut attachée à ce pays magnifique. Mais elle fit sienne, aussi, une autre terre. la grande île rouge, la lointaine Madagascar, où l’un de mes frères et moi-même sommes nés, et où elle fut si heureuse.
Sa vie, fut faîte de mouvements incessants, de voyages tumultueux, de passion ( mon père l’a profondément aimée. ), d’heurs de malheurs, comme toute vie, bien sûr. Mais je crois pouvoir dire que la sienne fut belle, et que, jusqu’au bout, elle cultiva un formidable appétit pour l’ existence. Jamais elle ne connut l’ennui ou la mélancolie. C’était un être joyeux, optimiste et profondément croyant, elle vouait à la vierge Marie une ferveur particulière.
C’est presque par hasard, ou par chance, aurait-elle plutôt dit, qu’elle se retrouva en Provence, et qu’elle adopta, aussi, le midi de la France.
Elle fut donc, comme beaucoup, ballotée, au gré des courants de l’Histoire. Mais elle affronta toutes les difficultés, matérielles et sanitaires, car elle était de santé fragile, avec beaucoup de courage.

Malgré les aléas, cette femme volontaire, a été une femme libre. Très jeune elle fit le choix d’être maîtresse de son destin.
Assumant ses décisions, comme lorsqu’à tout juste vingt trois ans, elle abandonne, famille, pays, emploi, pour suivre à l’autre bout du monde, un inconnu, mon père, dont elle s’éprend.
Oui, ma Mère fut une Aventurière, et j’en suis fier.
Car il n’y a rien de péjoratif, pour moi, dans ce mot. Ce fut quelqu’un de chevaleresque, de flamboyant.
A l’aise partout, d’origine modeste, mais socialement inclassable. Je tiens à souligner aussi son antiracisme. Elle était parfaitement politiquement incorrecte et directe.

Comme j’étais son premier né, je fus aussi son confident, et elle fut ma complice pendant plus de cinquante six années.
Son humour, son insatiable curiosité qui faisait d’elle une femme cultivée aimant la Musique, les Arts, le Sport, l’Histoire, vont terriblement me manquer.
Elle n’aura pas pris vraiment le temps de vieillir, puisqu’elle s’éteint, la coquette, à tout juste quatre vingts ans.
Adieu Maman!
Merci!